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L’Afrique Francophone Face à ses Défis ( 2ème défi )

4 décembre 2018 VLKSkewaleton 1 Comment

 

L’Afrique Francophone Face à ses Défis

Boubacar DIALLO
25/11/2018

 

2. Le défi démographique, environnemental et du développement durable

Le défi démographique

L’Afrique, qui représente 22,3% de la superficie totale des terres émergées du globe, avait en 1970, une population de 354 millions d’habitants, soit 9,5% de la population mondiale évaluée à 3,7 milliards. En 1992, l’estimation de la population africaine était de 682 millions d’habitants soit presque un doublement de la population en moins de 25 ans. En 2017 l’Afrique comptait 1,2 milliard d’habitants, et selon les prévisions de l’Institut français d’études démographiques (INED), sa population avoisinerait les 2,5 milliards en 2050.
Cette population africaine qui croît de façon exponentielle se caractérise par sa jeunesse : 60% de sa population aura moins de 25 ans à l’horizon 2030. Ce ne sont pas moins de 440 millions d’enfants africains qui devront aller à l’école en 2030.
Un examen plus poussé de ces statistiques révèle qu’à l’horizon 2050 (estimation haute):

  • Trois pays se situeront bien au-delà de la barre des 100 millions. Il s’agit du Nigeria (360/380 millions), de la RDC (200 millions), de l’Ethiopie (180 millions).
  • Sur les autres Etats africains, six se situeront entre 50 et 100 millions: il s’agit de : Kenya (80 millions), Tanzanie (85 millions), Algérie (55 millions), Egypte (150 millions), Soudan (75 millions), Afrique du Sud (75 millions) et seize Etats entre 20 et 50 millions selon les estimations.
  • Parmi cette dernière tranche, 3 font partie des pays les plus pauvres au monde: il s’agit du Mali (35/40 millions), du Burkina Faso (35 millions), du Niger (45 millions).

Examinons pêle-mêle, à titre d’illustration, quelques données récentes (sources : 6ème EMOP, rapport ODD 2015, rapport INSTAT 2010) sur le Mali (comparables à peu de choses près, à celles du Niger et du Burkina).

  • Population actuelle estimée à environ 18,5 millions (2016) ;
  • Classement IDH : 179ème sur 188 pays ;
  • Taux de pauvreté (2016) : 48% de la population ;
  • Accès à l’électricité (globalement) : 44,8%
  • Environ 18500 écoles primaires et secondaires publiques en 2010, avec sur la même période, à peu près le même nombre d’enseignants pour près de 1 million d’élèves, soit en moyenne un maître pour 66 élèves ;
  • Taux net de scolarisation au 1er cycle de l’enseignement public : 57%
  • Celui du 2ème cycle de l’enseignement public : 31% ;
  • Dépenses totale consacrées à la santé par an et par habitant : 54$ contre par exemple 3040$ en France ;
  • Nombre de médecins /1000 habitants : 0,08 ;
  • Nombre d’infirmiers/1000 habitants : 0,45
  • Nombre de pharmaciens/1000 habitants : 0,03 ;
  • Accès urbain à l’eau potable : 70,6%
  • Accès rural à l’eau potable : 65%.

Bien que des progrès indéniables aient été réalisés sur certains points (extension de centres de santé secondaires, construction de salles de classes, revalorisation du SMIG, etc.) il n’en demeure pas moins que ces indicateurs sont loin d’être satisfaisants.
On voit mal comment ces derniers pays cités, dans trente ans, avec une population avoisinant, voire dépassant les quarante millions, avec près de 70% de moins de 30 ans, pourraient résoudre, avec les politiques actuelles mises en œuvre, la multitude de problèmes de production, de scolarisation et d’insertion des jeunes dans le circuit productif, qui naitra de cet accroissement substantiel de leur population.

Trente ans, c’est déjà demain !

Cette croissance exponentielle de la démographie africaine est, à n’en pas douter, une véritable bombe à retardement. Mais paradoxalement, elle n’est pas souvent retenue parmi les causes des spasmes et remous politiques en Afrique.
Et pourtant, au regard de ces estimations, il faudrait bien que l’avenir de l’Afrique soit repensé en fonction de l’extraordinaire explosion démographique qui la caractérise. L’ensemble des schémas politiques, économiques et sociaux doivent être revus à la lumière de ce facteur au moins dans les domaines suivants:

  • le problème de la formation et de l’emploi des jeunes ;
  • l’urbanisation et les problèmes des villes ;
  • la couverture scolaire et sanitaire ;
  • la production industrielle et l’autosuffisance alimentaire ;
  • les problèmes liés au réchauffement climatiques ;
  • La gestion du foncier, notamment des terres agricoles et pastorales ;
  • La gestion de l’eau ;
  • la répartition du revenu social ;
  • la gouvernance locale.


La stabilité politique en Afrique dépendra étroitement de ces différents facteurs.

En déclarant, lors du dernier sommet du G20 de Hambourg en juillet 2017: « quand des pays ont encore sept ou huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien », le président MACRON, à l’évidence, semble plus que sceptique sur la capacité des africains à faire face à ses défis.
Au regard de l’évolution démographique en Afrique, cette saillie présidentielle est-elle vraiment dénuée de sens ? Le problème n’est-il pas réel ? Ne voir dans cette affirmation que simplement du racisme ou de mépris ne serait-il pas un déni pur et simple de la réalité et une fuite de responsabilité de la classe dirigeante africaine ?
Même si le lien de causalité surpopulation/sous-développement est discutable (le premier étant à mon sens plutôt la conséquence du second), au regard des résultats des modèles de développement mis en œuvre à ce jour, de la situation socio politique des Etats Africains, il paraît très improbable que l’Afrique arrive à maîtriser, d’ici 2050, l’ensemble de ces facteurs.
Les spasmes politiques qui secouent, aujourd’hui, le continent, ne sont que les signes annonciateurs de l’avalanche de violence qui la submergera si toutes choses (mainmise de l’occident par les moyens les plus variés et les plus subtils sur ses richesses, incapacité des dirigeants africains à trouver des solutions alternatives, accroissement de la pauvreté, du terrorisme, etc.), restent inchangées par ailleurs.
Et rien, en l’état actuel des choses n’indique, à priori, la volonté des africains, enfermés dans l’implacable dialectique de l’aide internationale et des occidentaux désireux de maintenir et de renforcer leur suprématie et de se protéger « des nouveaux barbares », de créer un nouvel ordre tourné vers le combat contre la pauvreté.

Le défi environnemental et du développement durable

Au moment où le monde entier a pris conscience des effets combien dévastateurs du réchauffement climatique, et que, de Rio à Copenhague, de Lima à Paris, scientifiques et décideurs politiques se réunissent pour tenter de le juguler, l’Afrique, comme toujours, reste à la traîne. Comme d’habitude, elle participe à toutes ces rencontres. Cependant, les décisions et résolutions qui s’y prennent, restent sans effets majeurs sur le comportement des dirigeants africains et des populations, en dehors d’une petite poignée de pays, dont le Burkina Faso pauvre, certes, mais combien admirable dans sa volonté de vaincre l’adversité dans tous les domaines. Ailleurs, les forêts sont décimées avec la complicité de ceux chargés de les protéger, les caniveaux sont transformés en dépotoirs d’ordures , les rues sont destinées à rassembler les eaux usées , les sacs plastiques deviennent la nourriture des animaux errants , les routes bitumées à grands frais sont défoncées du fait de la surcharge de véhicules d’un autre temps, les fleuves et cours d’eau deviennent le réceptacle des déchets industriels et se meurent à petit feu.
Dans beaucoup de pays, tout se passe comme si on veut tout détruire, y compris soi-même. Sans respect pour la nature, sans respect pour sa religion que l’on est censé pratiquer en tous domaines, sans respect pour son environnement immédiat, pour son pays, en définitive, sans respect pour les autres et pour soi-même, l’africain se complaît dans la négation et dans la prédation. Beaucoup d’eau couleront sous les ponts avant qu’il ne prenne conscience et ne réagisse à ces bouleversements climatiques dont il sera, demain, à n’en pas douter, l’une des plus grandes victimes. Est-il encore temps ?
Imaginons, ne serait-ce qu’un tout petit instant, que les grands cours d’eau africains, le fleuve Niger, le fleuve Sénégal, le Baní, le Sankarani, le Baoulé, les Voltas etc. s’assèchent et disparaissent dans les cinquante ou cent prochaines années. Imaginons, ne serait-ce qu’un tout petit instant, que le lac Débo, le lac Faguibine, le lac Magui, s’assèchent et disparaissent durant cette période!
Est-ce là simple vue de l’esprit ou pures fadaises ?

Assurément, non, car une simple observation de ce qui se passe dans ces régions, est édifiante. Les plus de cinquante ans savent, que d’année en année, les lits de tous ces cours d’eau et lacs diminuent, se rétrécissent au point qu’à certaines périodes de l’année ils deviennent guéables. A l’évidence, tout ce qui, progressivement diminue, finit, un jour ou l’autre, par disparaître.
Le lac Tchad qui, touche quatre pays et est la principale source d’eau potable de la Centrafrique, n’a-t-il pas perdu en 50 ans, plus de 90% de la surface qu’il occupait ? N’est-il pas tout simplement menacé d’assèchement total dans un horizon proche si rien n’est fait ? Si les causes sont en partie naturelles, elles sont, pour une large part, anthropiques. L’impact négatif de l’homme est incontestable.
Ces fleuves, ces rivières, ces lacs, sans vouloir être un apôtre de l’apocalypse, disparaîtront un jour et laisseront place à l’implacable désert du Sahara qui, lentement et inexorablement, avance et avance encore, chaque jour un peu plus.
Les vents de sable qui soufflent sur le Sahel, de Mars à Juin, d’année en année, nous en avertit constamment !
Les plus de cinquante ans, savent que l’écosystème et la biodiversité de ces régions, les oiseaux pullulant au Barrages des Aigrettes à Sotuba, les hordes d’Elans de Derby traversant la Forêt de la Faya, les Eléphants du Gourma etc. appartiennent à un passé qui, de plus en plus, s’éloigne…..
Peut-on, à l’inverse, imaginer les conséquences de tels fléaux sur la vie humaine et sur les civilisations plusieurs fois millénaire de ces régions ?
Un monde, à l’évidence, est en train de disparaître, si on y prend garde !
La pauvreté, dans ce domaine de l’environnement, comme dans beaucoup d’autres, a bon dos. Devenu un fonds de commerce et la justification de toutes les insuffisances, on oublie volontiers qu’elle n’est rien d’autre qu’un état d’esprit. Elle est dans les têtes, dans les actes, qu’au quotidien, pose, chaque africain: en un mot, elle est comportementale.

Cette pauvreté est présente parce que l’africain se complaît dans le laisser-aller en toute chose. Le désordre et la vie au milieux des tas d’immondices, des routes crevassées même si on raffole des voitures rutilantes, des villas cossues entourées de toutes sortes de détritus, des odeurs nauséabondes et irrespirables, surtout en temps de pluies, ne l’émeuvent guère et deviennent presque un mode de vie.
Elle est dans l’incapacité des pouvoirs publics, des décideurs politiques, des leaders religieux, de tous ceux qui ambitionnent de concourir à l’épanouissement des populations, à mobiliser, à éduquer, de gré ou de force, les populations à exécuter le petit geste de planter un arbre, de curer les caniveaux, de nettoyer sa rue, d’éviter la pollution des cours d’eau, en un mot de préserver son cadre de vie et de son environnement.

Sous le prétexte de la pauvreté, les Gouvernements africains, au lieu de mobiliser leurs populations, attendent, comme toujours, que les réunions de Rio, de Copenhague ou d’ailleurs, aboutissent au financement de Projets qu’on inscrira dans la lutte contre la pauvreté, cette manne, ce riche filon que l’Afrique exploite, si habilement. Le Président Modibo KEITA se demandait ce « qu’on peut attendre d’un peuple couché, qui du haut à la base de la pyramide sociale, prend l’habitude de tendre la main, de sacraliser le parasitisme ? »
Elle est, enfin, dans la négation de la notion du devoir de génération. Celle-ci suppose la capacité de se projeter dans le long terme, d’imaginer le monde dans lequel vivront nos descendances et d’œuvrer, dès aujourd’hui, à jeter les bases d’un monde meilleur pour elles. Il est combien affligeant de constater que l’africain, généralement, est incapable de se poser de telles questions et de tenter d’y trouver des réponses appropriées !
Au regard de ce que l’on observe en matière de préservation de la nature dans toute sa diversité, de l’aménagement du cadre de vie, on ne peut que rester interloqué, par ce laisser-aller, par ce jusqu’auboutisme dans la prédation. Quand dans l’hémisphère Nord, populations et autorités s’emploient, au quotidien, pour préserver la biodiversité, protéger les cours d’eau, les forêts, assainir le cadre de vie dans les villes et les villages, lutter contre toutes formes de nuisance, en Afrique, tout est prédation !
Et pourtant ces questions environnementales, en Afrique et particulièrement dans les pays du Sahel, ne sont pas nouvelles.
En interrogeant un tant soit peu le passé politique et culturel de cette partie du continent, on s’apercevra, par exemple, que dans le Royaume Bamanan de Ségou du 18ème et du 19ème siècle, la gestion du patrimoine forestier était soumise à des règles très strictes dont la transgression était punie de mort. Ainsi, une douzaine d’espèces d’arbres était protégée.
De la même façon, la gestion du couvert végétal dans l’Empire Peulh du Macina, au regard des problèmes que pose la transhumance des animaux, répondait à des Normes et à des Codes respectés de tous et qui prévalent encore de nos jours.

Pour la préservation de la biodiversité, il faut remonter au 13ème siècle, dans l’Empire du Manding, pour trouver l’origine de l’Ethique, du Code d’honneur du Chasseur, dont le respect était accepté de tous ceux qui voulaient faire partie de cette confrérie.
Ah ! Si seulement l’Afrique pouvait sortir de la torpeur, de sa paresse intellectuelle et de son complexe d’infériorité, que de leçons pourrait-elle donner au reste du monde !
Au lieu de s’adresser au ciel, au début de chaque hivernage, pour implorer sa clémence pour le retour des pluies, si, pouvoirs publics et religieux , Partis politiques, Société Civile, obtenaient que chaque famille sahélienne plantât annuellement un arbre, un seul, en moins d’une décennie, les pluies reviendront, le Sahel reverdira, la biodiversité sera restaurée , les récoltes seront abondantes, la pauvreté sera sinon vaincue, du moins il sera mis fin aux drames, à répétition, de la famine au Sahel.
Dans le même ordre d’idée, une ceinture verte au Sahel pour bloquer l’avancée de l’implacable Sahara, comme l’a proposé le Président WADE, serait-elle au-dessus des capacités des Gouvernements et des populations de cette région ?
Quel patrimoine ces Etats du Sahel transmettront-ils aux générations futures si tant est qu’ils soient en mesure, seulement, d’y penser?
Au nom de quoi doit-on laisser un pays s’installer, au fil du temps, dans le désordre, d’assister à l’érosion de la puissance publique, de le voir dériver, continuellement, à vau-l’eau !
Voilà, entre autres, des questions que tout africain, quelle que soit sa place dans la pyramide sociale, devrait se poser. Le développement, au fond, tient à peu de chose. L’Afrique entrera dans ce processus le jour où elle arrivera à réaliser cette reconversion des mentalités !

One Comment

    5 décembre 2018 REPLY

    L’agriculture la pollution agricole la transformation la transformation de produits agricoles c’est que signifie agro-industriels et pourtant capitale pour lutter contre la pauvreté et de chômage des jeunes en Afrique surtout au mali merci

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